En périphérie, aux frontières entre ville et campagnes, en ces lieux déjà étrangers, entre le territoire où les citadins vivent et ceux où ils se rendent en touristes. Là, dans ces endroits en continuelle évolution qui balisent la progressive appropriation et réorganisation du rural par l’urbain. Là, s’instaure parfois une Zone...
Chaotique alors qu’essentiellement sédimentaire ; laissant apparaître à vif, un temps encore, de multiples fragments et trames du passé.
Amorces et rebuts, matières et matériaux, récits et évocations, traces de vies faiblissantes et de gestes arrêtés qui coexistent et s’entrelacent en nappes…
Multiplicité, physique et mentale, que la ville, espace de pouvoir saturé, recouvre souvent de son univoque et officielle Histoire, et que les campagnes, espaces vaincus et dédaignés, craignent ou désavouent…
Là, naissant de cette multiplicité hétérogène, face aussi aux nouvelles constructions qui s’esquissent, à l’aide même des plans d’aménagement et d’expropriation des urbanistes qui peu à peu s’actualisent, sous le regard de certains et au présent, "quelque chose s’enfonce sous la terre". Une cohérence se crée et s’approfondit...
Là, en ces lieux constamment parcourus des trajets de ceux qui s’y engagent, en ces lieux qu’ils nomment et animent de leurs pas : ce qui est encore à venir est toujours déjà aussi du passé... c’est à dire que sous l’émergence au présent d’un transitoire se profile l’intuition d’une permanence - au futur, du passé.
Quelque chose qui bientôt ne sera plus, évoque ainsi la destinée de ce qui le suivra. Témoigne, pour le passé mais aussi pour le futur : un lieu qui va naître murmure au présent, et pour ceux qui tentent de l’appréhender, le caractère sourdement insistant des alentours auxquels il va succéder... Ni triomphalisme, ni nostalgie bien sûr, juste une souterraine résistance et le lent approfondissement de l’obstinée sédimentation...
Le projet se situe donc en un lieu équivoque, celui où "fiction" et "documentaire" se croisent et se côtoient : il ne cherche pas à rendre compte d’une réalité préexistante, sans pour autant créer de toutes pièces un monde imaginaire. La zone existe mais elle est à instaurer, c’est à dire aménager les conditions qui lui permettent d’émerger de l’espace indistinct où elle repose.
Fiction ou réalité ? Peu m’importe finalement : je l’ai pensée et elle m’a fait agir.
Il me reste maintenant à la faire exister...
Générique
Réalisation : Didier Demorcy
Avec l’aide de Dominique Baguette et Isabelle Stengers
A partir de photographies de Didier Gille didiergille.com
Avec la participation de Eric Angenot, Marcos Matéos, Stéphane Noël, Maria Puig de la Bella Casa, Isabelle Stengers et Thibaut Vancraenbroeck
Durée : 11’01"
Production
ACSR et Garp ASBL / 1999
Dossier de demande d’aide (pdf, 97 kio)
Script de la Zone_FR (pdf, 46.2 kio)